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Du 17/04 au 29/06 - 2114 km - Champagne/Vezelay/GR10/Camino del Norte et Primitivo/Cabo Fisterra

Bodenaya / Campiello (25 km) - Enorme pluie

Saint-Jacques de Compostelle / ESPAGNE

Mardi 15 Juin 2010

EDITH

L’Ave Maria nous réveille en douceur.
La nuit a été très froide, même bien emmitouflée dans mon sarcophage.
Nos hospitaliers nous ont préparé le petit-déjeuner et il nous faut, maintenant, affronter le mauvais temps.
De fortes précipitations (6 cm/m²) ont été annoncées.

Le début du trajet n’est pas trop humide, mais rapidement, les chemins deviennent difficiles.Nous jouons à Moïse !!!
Le ruissellement, la boue, que l’on essaye vainement d’éviter, rendent la progression pénible. Regrettable, car l’environnement paraît superbe quand le brouillard ou la pluie nous le laissent deviner.

A hauteur du hameau de Santa Eulalia, nous quittons cet affreux bourbier afin de rejoindre le goudron.
Alors que nous traversons Tineo, un déluge nous accable. En quelques secondes, nous voilà trempés jusqu’aux os ! Même pas un bar pour nous abriter. Tant pis, nous mangeons nos «Principes» (de LU) sous l’auvent d’un lavoir.
La reprise du cheminement se fait sur un sentier, mais je devrais dire plutôt dans un cours d’eau, qui monte jusqu’à Alto de Piedratecha (1040m)
La pluie se calme et nous avons même droit à un rayon de soleil.
Hé oui, il existe !
Nous voici presque au sommet, sur un chemin bordé de pierres et de végétation faite de bruyères et genets, quand gronde le tonnerre et qu’une pluie diluvienne s’abat à nouveau.
Nous amorçons la descente et retrouvons – avec joie cette fois – le goudron.
Nous décidons de le suivre jusqu’à Campiello.

Une camionnette stoppe à notre hauteur. Le conducteur nous demande si, par hasard, nous cherchons un taxi ?
Nous le remercions en déclinant son offre.
Il nous signifie que nous sommes « volontaires » (sic)

L’orage se calme.
Le vent se lève et sèche nos capes dans l’attente de la prochaine …
La casa Enfin, nous poussons la porte du bar-épicerie « Casa Herminia »
A peine dedans, Herminia, nous fait poser nos sacs et nous installe pour la comida sans nous laisser souffler.
Soupe, pates, viande, pommes de terre, salade, dessert nous remettent d’aplomb.

Il ne nous reste plus qu’à traverser la chaussée pour pénétrer dans des locaux tout neufs, prévus pour quatorze personnes et dans lesquels nous serons seuls.
Rien d’autre à faire ici, que de regarder tomber la pluie !

Depuis quelques jours, je suis inquiète, le haut de la cuisse de Serge présente un œdème important qui lui occasionne des douleurs plus ou moins fortes.
Il semblerait que sa chute dans l’escalier au mois de janvier ait laissé des séquelles.

A surveiller de près !

SERGE

Dans cette albergue on dîne, on se couche, on se lève en musique à la même heure et on petit déjeune ensemble.

Alexandro, le propriétaire, pour avoir parcouru la totalité des Chemins de Compostelle, connaît parfaitement nos attentes.
A l’instar du père Ernesto, il n’y a pas de tarif référencé.
Il est laissé à notre libre appréciation (donativo)

Nous irons moins loin qu’initialement prévu. La localité préalablement choisie ne dispose que d’un gîte très moyen, ce que ne précise pas notre bouquin !
En revanche, à Campiello, il y aurait une belle albergue privée ( ?)

C’est dur de partir !
Pas seulement parce que nous sommes bien, mais à cause de l’eau qui tombe.
Etre sec et devoir retourner dans l’humidité … il faut être fou pour le faire sans obligation !
C’est parti.
Il pleut.
Au bout de quelques centaines de mètres, nos godasses sont trempées.

La Espina est le premier hameau rencontré. Personne évidemment.
Pourtant au moyen âge c’était un carrefour important pour nos semblables.

Jusqu’à Tineo, le chemin est presque horizontal. Je dis presque, parce que de courts rampailloux sont présents pour la plus grande joie de nos guibolles.
Bien sûr, il y a de la bouillasse dans les chemins creux.
Décidemment, à chaque fois que nous sommes dans ce pays, il connaît une situation météorologique exceptionnelle.
Jusqu’à demain soir, l’alerte orange est maintenue.
On nous prédit soixante litres d’eau par mètres carré !!!

Effectivement, la fine pluie se transforme en une violente drache accompagnée d’un fort tonnerre.
Nous sommes rapidement imbibés, car aucune cape n’est prévue pour ce genre d’intempéries.

Les chemins encaissés deviennent de vrais ruisseaux, à tel point que les gués passent inaperçus.

Tineo est traversé sans que nous puissions y trouver un bar.
Nous sommes à une altitude de 650 m, et nous devons passer par l’Alto de Piedratecha à 1040m.
Nous montons, assez lentement, mais longuement.
Dieu que la montagne est belle … comme le disait si bien le regretté Jean Ferrat !
Même sous les trombes qui continuent de nous assaillir, nous stoppons notre marche pour contempler ces majestueux paysages.

Sur ce chemin primitif, notre seule compagne (outre la pluie !!!) est la solitude. Loin de nos semblables, de l’humanité je continue d’être bien.
J’ai dit à Edith que j’avais dû absorber des euphorisants avant le départ, car je ne parviens pas à perdre mon bien être et mon moral. Cette solitude m’entraîne à la méditation et me pousse à la réflexion. Le retour sur soi est encore plus profond que sur la voie du Puy : moins de monde = plus de temps pour réfléchir, penser, voire relativiser ses problèmes.

Nous suivons maintenant la route car un panneau nous annonce Campiello à cinq kilomètres.
Un brave automobiliste, nous croyant perdus, s’arrête et nous conseille cet itinéraire un peu plus court.
Il nous propose de nous emmener.
« Non merci, nous sommes pèlerins, nous continuons à pieds »
Il nous dit que nous sommes motivés et s’en va !

Nous traversons une suite de petits hameaux avant d’arriver au village tant attendu.

Un resto, c’est l’heure du repas, plein de pèlerins et d’ouvriers y sont attablés.
Certaines têtes nous sont connues, notamment deux anglo-saxonne (Sud Africaine et Canadienne) laissées derrière nous il y a deux jours !!!
Le repas est immensément copieux.
La salle se vide.
Nous restons là car le resto et l’albergue sont tenus par les mêmes personnes.
La patronne nous conduit dans un dortoir super neuf, super propre.
C’est dans ce lieu que nous passerons la nuit.
Herminia et son époux !!!
Demain sera un autre jour.

ULTREIA.

Campiello/Pola de Allende/Berducedo/La Mesa/Grandas de Salime (40 km à pied) - Pluie et brouillard

Saint-Jacques de Compostelle / ESPAGNE

Mercredi 16 Juin 2010

EDITH

Toute la nuit, la pluie …
Et ce matin, la pluie …
Nous sommes secs et propres, mais à quoi bon ???
En un instant, nous nous retrouvons dans le même état que la veille en arrivant !

Malgré les «muy, muy peligros» d’Herminia et de son mari, nous décidons d’emprunter le chemin des Hospitales (réputé sublime)
C’était sans compter sur l’absence d’indications !!!
Hameau de la Mortera (trois habitations) ; aucun fléchage.
Nous arrêtons une voiture et, de nouveau, nous entendons «muy, muy peligros» de vouloir passer par là !
Bien …
De toute façon, là où nous sommes, nous n’avons d’autre choix que de poursuivre sur la «carretera» qui n’est qu’un vaste chantier bourbeux jusqu’à Pola de Allende.

Même pour nous, piétons, le brouillard et la pluie réduisent la visibilité.

Grosse pluie et brouillard ...
Nous avons à franchir deux cols : Porciles et Alto de Lavatoira avant de descendre sur Pola. Nous frisons le palais de Cienfuegos, construit au 16ème siècle qui coiffe un éperon rocheux.
Serge tire un peu la jambe mais décide de rejoindre Berducedo, dix sept kilomètres plus loin. C’est toujours dans un épais brouillard que nous passons le Puerto del Palo (1140m).

A Berducedo, nous rechargeons les machines avant de nous diriger vers l’hébergement.
Oups !!!
Une odeur de fauves et des lieux dans un état pitoyable nous font faire volte face.
Direction La Mesa en cheminant sur une route défoncée et en travaux et dans une vraie purée de poix.

Nous pénétrons dans l’ancienne école transformée en refuge.
Horreur …
Pire que l’autre !!!
Les murs sont moisis jusqu’au plafond.
Notre guide nous indique une solution de repli. Une casa rural dans ce hameau … mais cerado depuis longtemps !!!
Désemparés, épuisés, mouillés, nous frappons à la première porte venue.
« Auriez-vous une chambre à louer ? »
NON !
« Vous avez une auto, pouvez-vous nous descendre à Grandas ? »
NON !
« Nous vous dédommagerons pour la course ! »
OUI !!!

Quinze kilomètres plus loin et trente euros en moins, nous descendons devant l’albergue municipale.
Jamais deux sans trois.
Même constat désolant.
C’est à croire qu’ils le font exprès.
Ultime solution, un hôtel.
La Maison Labarra, s’avère être un établissement correct.
Nous sommes heureux de nous retrouver au sec, dans une chambre chaude et confortable et reçus – en français - par un patron agréable.

Enfin, un peu de bleu !!!
Il n’y a pas à dire, mais ça fait du bien d’être au propre …

SERGE

Huitième jour de pluie.

Nous partons secs, mais quelques centaines de mètres plus loin, nous sommes trempés.

Nous décidons de suivre la route jusqu’à La Mortera où nous devrions trouver le balisage du Camino de Hospitales.
« Au moyen âge, avant la fondation de Pola de Allende (12ème) les pèlerins ne descendaient pas jusqu’au rio Nisón en raison de dénivelés importants. Ils partaient par les chemins de crête et franchissaient la Sierra de Ablaniego, puis rejoignaient le Primitivo à Montefurado, après le col del Palo. »
Soit une quinzaine de kilomètres en haute montagne sans village ni service.

On nous a recommandé de veiller à ne pas perdre de vue les balises car le chemin est à peine visible dans l’herbe, où de nombreuses sentes d’animaux y sont présentes. De plus, en ces jours de mauvais temps, il paraît dangereux de s’y aventurer !
Tant pis, car ce passage nous évitera, outre des kilomètres en moins, les dénivelés importants qui se succèdent en suivant la route.
Mais, c’est sans compter avec les inévitables chantiers et travaux de ce pays.
De partout, on terrasse, on creuse, on casse, on déboise …
Bien évidemment, ces opérations se font sur le tracé ancestral du Chemin, en le martyrisant.
Pourtant, le pays, les villes et villages traversés affichent orgueilleusement : … classé itinéraire culturel Européen !!!

Nous sommes en plein brouillard.
Avant La Mortera, nous dépassons, sans le voir, le départ convoité.
Lorsque l’on s’en aperçoit, il est bien trop tard pour rebrousser chemin. Nous passerons donc par Pola et ses dénivellations.
Arrivés dans le bourg, il pleut toujours.
Le plus dur restant à venir, nous nous enquérons d’un bus pouvant nous conduire à Berducedo. Nous n’avions pas prévu d’accomplir – par ce temps de chien – une telle distance.
Pas de bus, nous continuons, malgré une douleur dans ma cuisse droite (souvenir de ma descente rugueuse dans un escalier en janvier !!!)
Dix sept kilomètres plus loin, nous allons, au chaud, consommer du chorizo, puis, partons découvrir l’albergue.

Elle offre douze places, dont huit sont déjà occupées.
Il règne une atmosphère de Hyène dans ce petit espace.
Nous décidons de poursuivre sur La Mesa malgré la pluie et la brume épaisse qui ne permettent toujours pas une vision à plus de cent mètres.
Albergue de La Mesa !!! La Mesa (quatre maisons) Albergue de La Mesa (suite) !!!
Notre livre nous indique la présence d’une albergue dans les anciennes écoles (14 places) et une Casa Rural privée.
Nous allons visionner l’albergue.
Une horreur. Une puanteur humide nous agresse dès la porte entrouverte.
Les murs – autrefois blancs – sont noirs de moisissures. Les matelas et oreillers, qui ont dû être lavés jadis, sentent le moisi.
Le coin cuisine est quant à lui réduit à sa plus simple expression. Seuls le sol et les toilettes sont acceptables.

Albergue de la Mesa (suite ) - Vite fuyons !!!
Nous ressortons rapidement pour nous diriger vers l’autre option.
Déception, la personne nous indique ne plus louer de chambre depuis longtemps.
Merci Jean-Yves Grégoire (auteur du guide)
L’abattement me fait plier les épaules et alourdir mon sac.

Que faire ?
Avancer encore sur quinze kilomètres sous la pluie et dans la boue ?
Retourner à Berducedo dans un lieu qui sent le bouc et qui risque de s’être complété ?
Nous décidons d’avancer !

Arrivés à hauteur de la dernière des quatre habitations, nous sollicitons une chambre.
NON !
«Bon, pouvez-vous nous descendre à Grandas avec votre auto ?»
NON !
«On vous dédommagera»
C’est d’accord, pour trente euros !
Le kilomètre de voiture est cher … (15km / 30€)

La descente vers le barrage qui a englouti un village est superbe, car nous sortons, enfin, de la purée de poix.
Nous découvrons le magnifique panorama, dont, cette météo pourrie nous a privés.

Grandas de Salime.
L’albergue municipale n’est guère mieux que celle d’où l’on vient.
Nous nous rabattons sur une pension qui, paraît-il est correcte.
Complète !
Le désespoir commence à m’envahir.

En dernier ressort, un hôtel, très propre et soigné nous reçoit.

Cette partie du chemin n’est pas celle que j’avais imaginée. Le Camino Primitivo est certainement le plus parcours Jacquaire en Espagne. Mais, les caprices du temps en ont décidé autrement.
Les chantiers, qui s’y succèdent, accentuent cette impression.
C’est fort regrettable, car j’attendais avec impatience ce passage.

Néanmoins, notre combativité reste intacte !
Calendrier
Mai 2010

Pays

COMPOSTELLE 2010

 

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Un film de 5mn pour résumer mon Camino del Norte et Primitivo fait en 2011 Le récit complet sur http://papypikcaminodelnorte.unblog.fr

Ajoutée le 17/08/2012 à 10:09 © papypik

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