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Au Niger, les enfants malnutris en péril

Les membres de la branche française de Médecins sans Frontières viennent de se faire rejeter du Niger. Ils menaient là-bas une opération d'envergure pour lutter contre la malnutrition infantile si répandue dans ce pays. Ils voulaient prendre le problème à la racine et nourrir tous les enfants de moins de 3 ans dans les deux districts les plus touchés de la région de Maradi. Ce qui est nouveau dans leur approche, c'est de donner aux enfants les aliments dont ils ont besoin avant la période de la disette. Ils espéraient ainsi éviter ou réduire au maximum les effets dramatiques du pic de malnutrition où tant d'enfants meurent.

Pour des raisons que nous ne comprenons pas, les autorités du Niger ont suspendu les activités de Médecins sans Frontières. Or, en ce moment même la malnutrition frappe à plein : « La situation sur place est très inquiétante, dans les hôpitaux et les centres de santé que j'ai visités, malgré tous ses efforts, le personnel soignant n'arrive pas à faire face à l'afflux d'enfants malnutris, déplore Marie Pierre Allé, responsable de MSF. Au cours des dernières années, nous avons conduit en collaboration avec les autorités nigériennes des programmes novateurs et efficaces. Nous leur demandons aujourd'hui, au regard de la gravité de la situation, la reprise immédiate de nos activités à Maradi pour pouvoir soigner les enfants malnutris. »

Car il est possible de les sauver. Médecins Sans Frontières en a fait l'expérience. En 2006, 70 000 enfants ont été pris en charge au tout début de l'état de malnutrition. Plus de 90 % ont été guéris. Cela, grâce à l'emploi d'une pâte nutritive très simple à utiliser et très efficace. Si l'emploi de ce type d'aliment se développait, il permettrait de réduire partout dans le monde la malnutrition infantile.

Le Niger perd l'occasion d'être un pionnier dans la lutte contre la malnutrition infantile en sauvant au maximum la vie de ses enfants, en étant un exemple pour le monde et en incitant d'autres pays à mener ce combat avec courage. Cela pousserait la communauté internationale à honorer parmi ses engagements, celui de réduire la mortalité infantile.

En ce domaine comme dans bien d'autres, aucun pays ne peut s'en sortir seul. C'est en s'alliant avec ceux qui poursuivent le même objectif qu'il peut être possible de sauver chaque vie, une à une. C'est ainsi que l'humanité remportera la victoire qui honorera notre siècle. Nous espérons que le gouvernement du Niger reviendra sur sa décision. Le contraire lui donnerait la très lourde responsabilité de n'avoir pas utilisé tous les moyens à sa portée pour sauver le plus d'enfants possible.

Jeanne Emmanuelle Hutin

ouest-france