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Forum des voyageurs au Niger

Arts, Culture et Société du Niger

Delai ?

MOUSSA zatamo
Date: le 01/05/2007 à 00:56
Je souhaite connaitre le delai maximum pour diffuser un topic.

Merci.

Zat.

Re: Delai ?

Samuel
Auteur: Samuel
Date: le 01/05/2007 à 12:09
Bonjour,

Je ne suis pas sur d'avoir compris la question. Un topic (ou sujet) apparaît dans le forum dès qu'il est posté.

Re: Delai ?

MOUSSA zatamo
Date: le 01/05/2007 à 15:30
Citation: “Bonjour,

Je ne suis pas sur d'avoir compris la question. Un topic (ou sujet) apparaît dans le forum dès qu'il est posté.


C'est ce qu'il me semble ! Mais je pose la question parce que j'ai envoyé un sujet qui s'inspire d'un debat lu ailleurs. Le sujet s'intitule la "Société Touareg". Et, je ne le trouve pas sur le forum. Alors je me demande si c'est parceque ça prend du temps ou c'est parce que ça ne conviendrait pas, ce genre de sujet qui du reste, n'est qu'ethnographique !

Zat.

Re: Delai ?

Samuel
Auteur: Samuel
Date: le 02/05/2007 à 00:06
Je ne trouve pas non plus un sujet portant ce nom. Il parlait de quoi ?

- Il a peut-être été déplacé d'un forum à un autre en fonction du thème.
- Il a peut-être été supprimé s'il contenait des propos déplacés, injurieux etc... (mais ça arrive rarement car mon but n'est pas de faire de la censure)

Re: Delai ?

MOUSSA zatamo
Date: le 02/05/2007 à 15:43
Citation: “Je ne trouve pas non plus un sujet portant ce nom. Il parlait de quoi ?

- Il a peut-être été déplacé d'un forum à un autre en fonction du thème.
- Il a peut-être été supprimé s'il contenait des propos déplacés, injurieux etc... (mais ça arrive rarement car mon but n'est pas de faire de la censure)


voilà le sujet qui n'est en fait qu'une contribution à un debat entre Dilo et Farak, 2 intervenants sur Tamtam forum.

J'ai finalement pu apporeter cette contribution sur Tamtam forum même car entre temps mon compte a été activé.

Mais je pense que le mettre sur forum Agadez-Niger ne ferait pas non plus de tort dès lors que nous avons, vous et moi, déjà eu à écéhanger de courrier à ce propos.

Aussi j'apporte ci-dessous, ce que j'ai déjà pu dire sur Tamtaminfo forum.

Dilo a écrit :
Citation: “Farak, d'abord, le sultanat d'Agadez n'a jamais été régit par un Targui.
Ensuite, la hiérarchie sociale touareg a été mieux décrite entre-autres par une spécialiste en la matière: Helène Claudot Hawad. Au sommet de leur hiérarchie sociale sont le Imajegen/Imouhar, et on le devenait en ayant perpétré des razzias/rezzous bien réussis.


J’ai régulièrement suivi les débats sur ce forum même si je n’y ai jamais pris part.
Cette fois-ci, j’ose le faire. Et, je le fais pour y apporter une contribution au nom du refus des analyses et conclusions réductrices dans le domaine des sciences humaines, notamment l’ethnologie ou anthropologie sociale.
Il est (peut-être) vrai que «le sultanat d'Agadez n'a jamais été régit par un Targui». Le «(Peut-être)» parce qu’il existe aussi d’autres sources qui contredisent cette thèse n peut à ce sujet s’intéresser à l’histoire de l’Anastafidet.
Il est également incontestable que «la hiérarchie sociale touareg a été mieux décrite entre-autres par une spécialiste en la matière: Hélène Claudot Hawad.»

Par contre, quant à vouloir résumer (si c’est un résumé que Dilo a voulu faire, c’est raté !) les recherches sur la société touareg, de l’ethnologue Hélène Claudot Hawad et aboutir à la conclusion que «Au sommet de leur hiérarchie sociale sont le Imajegen/Imouhar, et on le devenait en ayant perpétré des razzias/rezzous bien réussis», là, c’est très fort !

Si je réagis ici, c’est parce que j’estime que les analyses simplistes ou réductrices sont dangereuses et peuvent même porter atteinte à la crédibilité des travaux desquels on prétend tirer l’information.
C’est certainement par allusion au travail de Hélène Claudot Hawad dont l’essentiel est présenté ici et duquel on ne saurait nulle part tirer la conclusion qu’en tirait Dilo ; conclusion selon laquelle on est hissé au sommet de la hiérarchie sociale Touareg on devenait «Imajegen/Imouhar en ayant perpétré des razzias/rezzous bien réussis»,

La société Touareg était, certes, principalement composée des Illalan, des Inisliman, des Imghad, des Inad’dan, des Ighawélen, des Ek’lan (noirs ramenés au cours des guerres et transformés en esclaves) et, apparaît au vu de cette composition, dans un premier temps comme une société de castes, figée.
Cependant, une approche fine révèle que cette société se singularise par
"une forte mobilité statutaire caractérisée par un fonctionnement à la fois hiérarchique et égalitaire (expression même de l’ethnologue H. C. Hawad) : une société (donc) dynamique marquée par une interrelation originale entre les différents systèmes (le social, le culturel, l’économique et le politique) pour assurer son équilibre.

En effet de l'échelon le plus bas (esclave), au sein de cette société, l'individu, par tout un processus, se hisse au sommet de la pyramide : devient noble (Ellili : singulier de Illalan).
Les esclaves (Ek’lan) étaient acquis chez les Touareg essentiellement au cours d'expéditions guerrières selon diverses situations : il s'agit d'individus qui soit ont déjà un statut servile dans le groupe razzié contre lequel est menée la guerre, soit proviennent d'une communauté qui n'entretient aucun lien (ni politique, ni économique, ni parental, ni culturel) avec les Touareg. Les familles obtenaient également des esclaves par don et par héritage, et aussi par achat pour les groupes non guerriers. Cependant, seul l'esclave venant d'être razzié et qui n'est pas encore arrivé dans la famille de son maître pouvait être vendu. Enfin, des individus ou des groupes paupérisés et vulnérables se mettaient au service des familles touareg qui, en échange, assuraient leur protection et la prise en charge de leurs besoins quotidiens. Ces personnes anticipaient en quelque sorte une captivité probable en devenant des esclaves volontaires. Certains fuyaient des conditions d'esclavage plus contraignantes en se réfugiant chez les Touareg : ce fut le cas d'esclaves Songhaï, Zermas et Kourtey des régions du fleuve Niger qui, pour échapper à leurs maîtres, préféraient rejoindre les Touareg (OLIVIER DE SARDAN, Jean-Pierre (éd.), Quand nos pères étaient captifs, Récits paysans du Niger, Paris Nubia, 1976, 190 p).

Une fois l'esclave arrivé dans la famille de son maître, il devenait au même titre que l'hôte ou l'invité, un protégé. L'arrivée d'un esclave dans un foyer l'assimile aux valeurs domestiques, à l'identité de la famille. Le devoir du maître par rapport à l'esclave, comme celui du père ou de la mère par rapport à l'enfant, est de lui faire franchir les étapes qui le conduisent à l'état d'homme libre (Ellili), car la liberté d'un point de vue touareg est le devenir normal d'un être humain : c'est l'étape de l'épanouissement, du perfectionnement vers lequel tend toute chose, tout élément de l'univers.

Généralement, un homme libre possédait un ou plusieurs esclaves. La proportion d'esclaves dans les zones économiquement fortes pouvait atteindre un taux supérieur à celui des hommes libres et était bien supérieure à celle, très modeste, qui existait dans les zones économiquement incapables de supporter une densité humaine importante.

Dans les familles aisées, chaque enfant avait, dès son plus bas âge, au moins un esclave qui s'occupait de lui, esclave masculin pour les garçons et féminins pour les filles. Les esclaves femmes jouaient le rôle de mère et leurs enfants le rôle de frères. L'allaitement des enfants nobles par les femmes esclaves tout comme le contraire était fréquent. Cette pratique qui créait une parenté de lait entre enfants de statut libre et enfant de statut servile d'une même famille, leur interdisait ensuite toute union matrimoniale. Au sein de ce rapport d'inégalité statutaire, la proximité culturelle et affective tissée dès l'enfance par les jeux communs, le partage des activités, de la nourriture, du lieu de vie créait des liens d'intimité, parfois plus fort que les liens de parenté, et donnait à ces gouvernantes et à ces compagnons d'enfance une position particulière.

Les activités attribuées aux esclaves ne suivaient pas nécessairement la division sexuelle du travail. Cependant si les esclaves étaient suffisamment nombreux, les hommes assuraient d'abord les travaux liés à l'élevage du grand bétail (chameaux) et participaient à l'approvisionnement en eau et en bois de la famille, tandis que les femmes s'occupaient plutôt du petit bétail et des tâches domestiques (cuisine, ménage, soins aux enfants etc.). C'est en fonction des relations établies avec le maître que l'esclave était soit cantonné au campement à des travaux de proximité sous la surveillance de la famille, soit jugé capable d'assumer des fonctions économiques de plus en plus larges, situations ou les déplacements qu'il entreprenait, répondaient à sa propre initiative. Dans certains campements où la main d'œuvre servile était abondante, existait une extrême spécialisation du travail. L'organisation de ces activités était sous la responsabilité d'esclaves proches du maître, recrutés en particulier chez les esclaves nés et élevés dans le campement et qui jouissent d'une grande autonomie d'action.

Les esclaves de confiance jouent aussi le rôle d'intermédiaire, de commissionnaire, de messager et, d'une manière générale, les fonctions diplomatiques. Dans certains campements, la délégation de pouvoir semble avoir prévalu et était érigée en principe de gouvernement. Par ailleurs, la continuité du savoir, de la sagesse et des valeurs ancestrales est attribuée ici aux esclaves.

Très classiquement, le portrait de l'esclave s'élabore en contrepoint de l'image de l'homme libre. Cependant, la manifestation publique de la différence statutaire reste très discrète et n'a rien d'ostentatoire. Les rapports entre maître et esclave sont calqués sur les relations de parenté entre aîné et cadet. L'esclave n'est mis à l'écart ni physiquement, ni oralement. Aucune génuflexion ni prosternation, ni salutation différente de celles des autres individus de campement ne revient à l'esclave. L'interprétation de la distance statutaire se fonde essentiellement sur les différences perçues entre la façon d'être, d'agir, de parler : le proverbe dit "Timujagha Tazné wer gé Ezni", c'est à dire "la noblesse, c'est le caractère (ou la façon d'être) et non le sang".

Des nombreuses règles éthiques particulières régissent ces relations inégales. Elles rappellent que si on les enfreint, le chaos social s'installe. En fait, si l'esclave, au moment où il vient d'être acquis, apparaît comme un être désocialisé, assimilé à l'état sauvage, privé des traits humains, il devient à partir du moment où il entre dans une famille un individu en devenir qui a le statut d'un mineur dont les activités doivent être encadrées et contrôlées. En fonction de son degré d'intégration à la vie familiale, économique et culturelle, une relative autonomie dans l'accomplissement de ses tâches lui est accordée ; jusqu'à des pleines responsabilités d'encadrement pour certains qui prennent en charge et gèrent des secteurs entiers de l'économie nomade : élevage, caravanes, vie domestiques.

L'intégration ne s'arrête cependant pas là. En effet, les Touareg considèrent que l'esclave qui a acquis la langue, la culture, les comportements de l'homme libre doit être anoblie (Esimujigh), c'est-à-dire, il ne peut plus être captif ou obéir à la volonté d'autres hommes. Il devient alors un Eghawél c'est-à-dire un affranchi. C'est la société à travers ses assemblées (isagawaren) restreintes ou élargies qui juge qu'un esclave doit être anobli à moins que son maître ne le décide individuellement
.
Une cérémonie familiale célèbre l'affranchissement de l'individu qui reçoit de la part du maître les attributs vestimentaires de l'homme libre. Une cérémonie semblable est pratiquée en l'honneur de l'adolescent qui devient adulte : passage ritualisé par une fête.

Dès cet instant, l'esclave émancipé, au même titre que l'enfant devenu adulte, peut "sortir" car il a suffisamment de bagages ("Enéktéb" pour résister aux dangers extérieurs et se trouve également investi du pouvoir de représenter la famille d'où il est sorti. Par ailleurs, l'affranchi est doté par son maître d'un bien (en bétail, le plus souvent) ; il s'agit soit d'un don soit d'un crédit prélevé sur les biens indivis de la famille. Cette partie destinée aux esclaves affranchis est en général des biens qui sont à l'origine de ce capital assurant la survie et le prolongement de la lignée. Il faut souligner que, quand les attributaires de ces biens deviennent nombreux, le droit sur ces biens revient en priorité aux esclaves libérés.

Cette dotation prélevée sur les biens collectifs de la lignée des maîtres est comparable à celle qu'emporte la femme mariée qui part vivre chez ses alliés. Ces biens sont inaliénables. S'ils servent à fonder une famille et en assurer l'autonomie, en cas de disparition du nouveau foyer par divorce, veuvage ou mort, ses biens retournent dans l'indivision, au campement d'origine, c'est-à-dire pour les femmes, chez leurs ascendants matrilinéaires et pour les affranchis chez leurs anciens maîtres. Par contre, les biens acquis individuellement sont des propriétés à part entière de l'individu et, sont transmis à ses descendants. L'affranchi devient alors le gérant d'un capital qu'il va faire fructifier en étant rémunéré : d'une part, il en reçoit l'usufruit et, d'autre part, il prend pour lui une part du croît.

De même, des droits d'usage sur le territoire sont alloués aux esclaves émancipés : si les anciens maîtres qui ont beaucoup de bétail exploitent les plaines, par contre, les vallées sont réservées en priorité aux affranchis, avec tout ce qu'y produit la terre.

Ce changement de statut est intégré à l'idée que, ce sont les maîtres qui cèdent leur ancien toit avec leurs anciens biens à leurs affranchis pour qu'ils le gèrent et assurent leur pérennité. Les anciens maîtres, après ce processus de passation de leur autorité, des assises de leur maison et de leur territoire, se retrouvent ainsi en position de cadets par rapport aux affranchis qui deviennent les aînés du lignage.

Dans les chants où les artisans mettent scène la société, les affranchis sont désignés par la métaphore "Alamum" (mot touareg qui signifie le "faon d'antilope", c'est-à-dire un groupe nouvellement né, mais actif et dynamique (ce dynamisme est illustré par la danse vive, bondissante, galopante, qui accompagne le chant). L'affranchi apparaît dans ce répertoire poétique comme un guide qui sait tracer une voie, ouvrir un axe, conduire, et aussi celui qui connaît le lieu, le pays ; il possède donc à la fois le savoir utile pour mener des activités économiques adaptées à l'environnement : élevage, caravanes, etc., il a la capacité d'entreprendre et il dispose d'un capital de départ.

Les affranchis partent généralement s'installer ailleurs et fondent leur propre campement. Ils deviennent alors un nouveau chaînon de la société, partenaires économiques et voisins de leurs anciens maîtres avec lesquels ils ont des relations de coopération de natures diverses en fonction de leur degré d'autonomie économique, politique et culturelle. Un pacte moral ("Alkawar" organise la nature des échanges basés sur le partenariat et non assimilables aux rapports tributaires.

Tant qu'ils portent encore le nom de leurs anciens maîtres, les affranchis font partie de leur clientèle et sont souvent vus comme une extension du groupement. Des fonctions importantes peuvent leur être confiées au titre d'hommes de confiance au courant des affaires de la famille et de la tribu : par exemple, sur le plan politique, ils sont souvent chargés de représenter le chef en son absence. Ils assument également des fonctions diplomatiques, servant d'intermédiaires entre les confédérations.

Certaines ressources et certains métiers sont laissés aux affranchis sur le territoire de leurs anciens maîtres, comme la fabrication des nattes, des arceaux de tente, des cordes et des entraves, la chasse, la cueillette des fruits, des graines sauvages, … Ils ont l'usufruit des vallées et du cheptel qui leur sont alloués et qui constituent la base des biens indivis de la lignée.

Les affranchis développent des spécialités professionnelles liées à certaines prérogatives économiques comme le droit de rassembler le surplus annuel de l'élevage auprès des différents campements pour le convoyer et le vendre ou de louer des chameaux pour organiser la caravane de sel vers le sud. Ces échanges sont vécus comme des services mutuellement dus. Les nobles peuvent participer à ces entreprises, mais sous la responsabilité d'un affranchi. Quand les affranchis partent en caravane, ils confient généralement leur bétail aux bons soins de leur s anciens maîtres.

Enfin, les chefs de familles "Ighawélen" (affranchis) participent au conseil politique. Dès que les "Ighawélen" se constituent en unité politique et identitaire autonome, ils deviennent des partenaires à part entière non seulement de leur ancienne "maison", mais également d'autres groupements ou confédérations. Ils apparaissent non plus comme des individus isolés, mais s'inscrivent dans un réseau parental et une chaîne généalogique qui leur donnent une existence et un poids social dans l'espace et le temps collectifs. Ils sont considérés comme un groupe pair avec lequel s'installent des relations de parenté (témet) et deviennent soit des "cousins" ("ibobazén", ce qui laisse percevoir souvent une inégalité de sang informelle, soit des frères ("Imid'rayane" lorsqu'ils sont vus comme des égaux et des partenaires matrimoniaux possibles, leur origine servile se trouvant progressivement gommée.

Les groupes des d'Ighawélen peuvent se spécialiser dans des activités variées, comme le commerce caravanier, la guerre, la religion et la science. On considère que leur ascension les conduit directement au statut de nobles sans passer par le stade des "Imghad" (vassaux), perçus davantage comme des nobles déchus. Certains affranchis développent des activités agricoles et, leur concentration aboutit à la formation d'un village : le terme "Timga" désigne un centre urbain crée à partir d'un noyau territorial nomade gardé par un groupe d'esclaves ou d'affranchis qui s'autonomisent économiquement en intensifiant des activités sédentaires. Mais un tel regroupement peut également conserver un caractère semi-nomade quand il reste davantage centré sur des activités pastorales. "Timga" constitue enfin un centre d'artisanat et un marché pour le recrutement de la main d'œuvre salariée et des partenaires économiques. La fondation des villes est souvent ramenée à l'extension de ces espaces carrefours, où sont aménagés les points d'eau, les greniers, les aires de culte, les marchés ; ancrages nomades à partir desquels s’organisent les parcours saisonniers et où convergent les angles de plusieurs territoires. Leur implantation et leur développement (ou leur abandon) suivent les fluctuations des rapports de force établis entre les groupes sociaux. Ces lieux jouent un rôle très important non seulement sur le plan des échanges économiques et sociaux mais également politiques (C'est à ces lieux que siègent les assemblées) ainsi qu'intellectuels et spirituels. Ils incarnent au sens grec du terme la "cité".

Chez les Touareg, un individu ou un groupe, dès sa naissance, entame un itinéraire selon une succession définie d'étapes, de paliers, d'horizons, et il progresse en suivant l'ordre des étapes dont le nombre varie (de cinq à sept) selon le type d'équilibre culturel, politique, philosophique qu'a atteint la société. Chaque seuil franchi correspond à un carrefour où la personne croise d'autres itinéraires ; c'est là qu'elle enrichit son identité en pratiquant des échanges avec l'autre monde, celui qu'elle ne connaît pas encore. Cette vision du monde s'appuie sur un principe essentiel : l'idée d'une dualité fondatrice entre identité et altérité qui anime le monde où chaque élément possède son opposé, son contre-pouvoir face auxquels il se positionne.

L'homme accompli ou l'homme initié est celui qui parvient à mettre en dialogue les oppositions caractéristiques de chaque étape jusqu'à la dernière où se nouent les rapports entre le monde du visible et de l'invisible. Il sait fusionner ou harmoniser les différences ; il est capable de concevoir et d'endosser les deux facettes en apparence contradictoires d'une même réalité, devenant alors un intermédiaire privilégié entre les deux parties qui s'affrontent. Les affranchis, qui s'installent fréquemment au coin des lieux d'échange du monde nomade, peuvent endosser différentes fonctions d'arbitrage, certaines considérées comme essentielles au fonctionnement de l'ordre de la société ou en d'autre terme, selon l'expression de Jean-Philippe Peemans (Jean-Philippe Peemans, le développement des peuples face à la modernisation du monde, Population et développement, 2002, 534 p.), l'ordre des peuples et des gens, et, plus largement, de l'univers.

Constituant le campement d'origine d'un lignage nomade, les Ighawélen sont investis d'un rôle d'intermédiaires entre le passé et le présent, entre le monde des ancêtres et celui des vivants. Ils assument à ce titre une fonction importante dans le domaine du sacré en devenant les gardiens des lieux laissés en arrière de la marche nomade. Ils incarnent eux-mêmes avec leur campement le lieu (Edeg) des racines, l'esprit des ancêtres et endossent le rôle symbolique de" parents" ("Imarawan". C'est pourquoi le fait de leur rendre visite peut revêtir le même sens qu'accomplir un pèlerinage auprès des ancêtres. Les affranchis occupent souvent les emplacements emblématiques de l'ancien noyau territorial et ont la charge d'entretenir les monuments que sont l'aire de culte, les cellules de médiations … qui sont les marqueurs les plus importants du territoire nomade. Ils sont un pivot essentiel de la mémoire collective chez qui l'on rend pour se ressourcer. Leur présence conditionne l'accomplissement de certains rituels : aujourd'hui par exemple, lors de la retraite de quarante jours effectuée pendant le mois de Ramadan dans un sanctuaire soufi qui est en même temps le noyau territorial de leur lignée, les Touareg de l'Aïr ne peuvent pas commencer les rituels avant l'arrivée de leurs anciens Ighawélen.
Ainsi les affranchis sont par définition des "personnages de l'entre-deux" qui peuvent qui peuvent mettre en rapport non seulement les unités sociales et politiques mais aussi le monde du visible et de l'invisible.
Un autre rôle de médiation très important des affranchis se situe au plan politique. Ils sont les intermédiaires très privilégiés entre les unités sociales paires qui sont à la fois en situation de compétition et de complémentarité, que ce soit au niveau des campements ("Ighiwan", des tribus ("Tawshit", des confédérations ("Taghma", des fédérations de confédérations ("Tégézé" ou des différentes sociétés ("Temust" : "Ighiwan", "Tawshit", "Taghma", "Tégézé", "Temust" sont des mots qui, littéralement, signifient respectivement la tente ou la maison, le poignet, la cuisse, le tronc et la communauté.


La fonction d'arbitrage apparaît comme un rouage essentiel dans l'organisation du système politique Touareg. Les affranchis, par leur parcours entre divers espaces culturels et sociaux, leur absence d'inscription dans un réseau lignager et politique unique, leur identité modelée par des apports aussi bien externes qu'internent, se situent par définition au-delà des rivalités en jeu et possèdent la neutralité sociale utile pour endosser des rôles d'arbitrage politique. Au plus haut niveau, cette fonction est incarnée par le chef-arbitre qu'est un "Im’nokal". Son statut est clairement assimilé à celui d'esclave affranchi. Ici, on peut relever, malgré l'interprétation tendancieuse de certains auteurs (notamment BERNUS Edmond, Aïr (Le sultanat de l'Aïr), Encyclopédie berbère, Tome. III, Aix-en-Provence, Edisud, 1986, pages 354-355), l'intérêt des constructions historiques (URVOY Y. chroniques d'Agadez, Journal de la société des Africanistes, n° IV, Paris, 1935, pages 145-177). Cet intérêt est moins leur véracité que le portrait idéal qu'elles esquissent du chef-arbitre, capable de gérer, d'harmoniser et de fédérer des forces rivales et contradictoires parce que son extériorité et son infériorité statutaire le situe hors compétition. Les Touareg savaient que lorsque le chef confédéral est recruté parmi un clan suzerain, il sera tenter d'établir l'hégémonie de son lignage au détriment des autres.

Dans l'ensemble politique Touareg de l'Aïr par exemple, l'absence de pouvoir de l'"Im’nokal" qui garantit sa faculté de bien arbitrer est symbolisé par exemple par le fait qu'il siège non pas sur un trône mais, dans un "trou" et, les chefs nomades qui viennent chez lui ne se déchaussent jamais ni ne se séparent de leurs armes ; sur simple décision de l'assemblée, il est révocable. Pourtant, le rôle qu'il joue est toujours présenté comme fondamental. Parmi les charges de l'"Im’nokal", l'une, importante, était l'organisation (Calendrier, regroupement, escorte, direction des guerriers des différentes confédérations, garde des marchandises …) de la caravane de sel qui se rend dans le Nord : espace peu sûr où pèse la menace notamment des peuples arabes, voisins. Il accompagnait également la caravane vers le Sud, en pays Haoussa, fonction qu'il n'a pas dans les caravanes qui se rendent vers le Nord. Il lui arrivait également de représenter l'Aïr dans les guerres de riposte contre l'extérieur non Touareg (par exemple dans certaines guerres en pays Haoussa), mais non dans les guerres de conquête. D'autre part, il est sollicité comme médiateur dans le cas où un conflit inter-confédéral menace l'ensemble politique Touareg de l'Aïr et n'a pas à trouver de solution rapide. Sa fonction dans l'assemblée consiste à favoriser les concessions réciproques jusqu'à ce que tout le monde soit d'accord, autrement dit, à cristalliser le consensus, sachant que dans ce système de représentativité politique, les minoritaires ne se plient pas à la vie de la majorité à moins d'être à leur tour convaincus du bien fondé de la thèse défendue. Lorsque l'assemblée prend une décision, elle fournit à l'"Im’nokal" sa caution morale et, si cela s'avère utile, un appui militaire inter-tribal pour la faire exécuter.
Enfin, il est le représentant du pouvoir spirituel et à la fonction de chef des croyants.

Pour comprendre la position et les attributions du chef-arbitre, il faut les rapprocher du rôle important "d'intermédiaire" ou de "médiateur" qu'incarnent également dans la société Touareg les artisans ou encore les religieux. Ainsi, les artisans, comme l'évoque l'appellation de leur ancêtre mythique ("Awjembak", ont la faculté de "mettre en fusion" non seulement les métaux, mais aussi les rôles sociaux, les époques (en leur qualité de fabricant d'histoire), les symboles, les valeurs ; ils sont les forgerons de la société dans tous les sens du terme. N'étant pas soumis au code d'honneur, artisans ou religieux permettent en effet d'établir des relations entre familles de rang égal sans risquer de froisser la dignité de chacune des parties, ni de faire dégénérer en guerre la rivalité d'honneur qui les lie. L'"Im’nokal" est au même titre un médiateur entre des pairs susceptibles, lien impartial évitant que ne s'enveniment des situations de compétition.

Ainsi, c'est bien la faiblesse institutionnelle de l'"Im’nokal", son incapacité personnelle à faire pression par la force en s'appuyant sur une armée à sa dévotion ou encore sur sa parentèle, qui garantissait la neutralité de son jugement et posait sa légitimité.

Pour résumer, on peut dire que l'organisation Touareg d'avant la conquête coloniale s'appuie sur deux principes, apparemment contradictoires, d'égalité et de hiérarchie, dessinant des modèles à la fois proches et différenciés. Les Touareg ont donc, assez tôt, développé dans leur organisation un système politique original basé sur l'égalité des tribus au sein de l'assemblée.

Au sein de ces configurations diverses, un premier axe, horizontal, structure, sur le mode égalitaire, des entités collectives ou individuelles paires, de même statut, dont les interrelations sont de nature compétitive. Ces rapports sont gérés et harmonisés par un arbitre. La neutralité de ce rôle d'intermédiaire est d'autant mieux garantie que l'acteur social qui l'endosse n'apparaît pas comme juge et partie. C'est à ce titre que ce personnage peut servir de médiateur entre les groupes ou entre les individus pairs qui l'ont choisi et sont en droit de le destituer s'il ne remplit pas convenablement sa fonction. Un deuxième axe, vertical, ordonne hiérarchiquement les différentes catégories dont les relations sont gérées par le supérieur statutaire (le noble, l'aîné, le grand). Cependant le pouvoir politique et juridique de ce dernier est toujours tempéré et orienté par la volonté du peuple (protégés ou cadets qui l'élisent et le légitiment).

La coexistence de ces principes (égalitaire et hiérarchique) au sein du même système est facilitée par un troisième axe qui organise la transgression des catégories propres aux deux premiers axes. Tout élément de l'ensemble est en effet perçu comme mobile : qu'il s'agisse des individus ou des groupes, chacun suit un parcours conçu comme un itinéraire ascensionnel (il s'agit de l'axe vertical) avec des étapes à franchir, et chaque palier atteint représente un carrefour où l'on croise l'autre (selon l'axe horizontal)."

Zat.

Re: Delai ?

Auteur: Amajagh
Date: le 04/05/2007 à 21:44
Est ce que tu peux nous résumé en une dizaine de phrases ton but dans l'envoie de cet article.
En fait parfois on ce que connecte pour une dizaine de minutes donc on ne peut pas lire des choses très longues...
Merci

Re: Delai ?

MOUSSA zatamo
Date: le 05/05/2007 à 17:36
Citation: “
Citation: “Est ce que tu peux nous résumé en une dizaine de phrases ton but dans l'envoie de cet article.
En fait parfois on ce que connecte pour une dizaine de minutes donc on ne peut pas lire des choses très longues...
Merci


Le seul but que je visais était de démontrer que ce que Dilo écrivait à Farak dans leurs échanges sur Tam Forum est totalement faux et qu'à la limite, quand ce Dilo écrit que Helène Claudot Hawad dans ses recherches, montre en parlant des Touareg que "Au sommet de leur hiérarchie sociale sont le Imajegen/Imouhar, et on le devenait en ayant perpétré des razzias/rezzous bien réussis", c'est-à-dire que chez les Touareg, on accède à la catégorie dite des nobles ("Imajegen/Imouhar" seulement quand on a "perpétré des razzias/rezzous bien réussis" (donc entendre par là "vols biens réussis", est une vraie atteinte non seulement aux recherches et aux résultats des travaux de l'éthnologue et à l'anthropologie sociale d'une manière générale mais aussi une vraie insulte à la société Touareg.

Pour plus d'informations, vous pourrez lire l'intégralité du débat sur ce sujet sur Tam Forum.

Merci.

P.S : Vous pouvez peut être, compte tenu des problèmes de connection que vous avez, copier et mettre sur document Word, les interventions trop longues. Ce, pour vous permettre d'avoir la possibilité de lire à votre aise le texte.

Zat

Re: Delai ?

BenOmar
Auteur: BenOmar
Date: le 20/06/2007 à 19:09
Je suis entièrement d'accord avec M. Zatamo car il avait raison lorsqu'il disait: <<Le sultant d'agadez n'est pas un targi>>. En effet l'actuel sultant d'Egadaz est juste un wanzam de la région de Tahoua

il est vrai

warda
Auteur: warda
Date: le 20/06/2007 à 19:39
Internet se prête difficilement à de longs développements…mais c’est intéressant de disposer ainsi d’une argumentation plus détaillée pour ceux qui le souhaitent..
En ce qui concerne Hélène Claudot Hawad, je ne reconnais absolument pas ses idées dans ce raccourci...surtout dans son ouvrage de référence" Éperonner le monde. Nomadisme, cosmos et politique chez les Touaregs". (à lire absolument)
Effectivement tu as raison, l’interprétation qui en est faite est très réductrice et travestit sa pensée (à mon sens)...
Un article assez synthétique résume l’approche de l’auteur et fournit des références utiles.

http://etudesafricaines.revues.org/document1544.html

Re: Delai ?

BenOmar
Auteur: BenOmar
Date: le 22/06/2007 à 14:15
M. Warda=Zatamo.

Pouvez-vous être plus brèf et simple dans vos propos tenant compte du fait que le français n'est pas la langue maternelle de tous les forumistes?

Tanammirtnak warda=zatamo

Clair

warda
Auteur: warda
Date: le 22/06/2007 à 15:19
On fait ce qu'on peut BenOmar...avec la fatigue!!! désolée : résumé : demander le dépliant en contactant sabledanslesyeux@yahoo.fr (Samuel va mettre le doc en ligne)...pour le communiqué, totalement indépendant aller sur page communiqué/paix au Niger....

Nous mêmes parfois on a un peu de mal à suivre mais mille excuses.....

Re: Delai ?

BenOmar
Auteur: BenOmar
Date: le 23/06/2007 à 11:43
Tanamirt hullan mon frère warda pour cette l'indication.

ar assarat

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