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J’abandonne ces lieux sans peine.
Pourtant la soirée d’hier a plutôt été agréable. Le bar-restaurant dans lequel nous avons dîné était réellement à la hauteur de la publicité annoncée, sur le panneau du refuge, par d’autres pèlerins de passage.
C’est avec Jean, notre nouveau compagnon, que nous nous sommes restaurés.

Ce matin le ciel est gris, mais sans pluie.
La sortie de Mussidan est sinistre, mais nous nous retrouvons rapidement dans la campagne riante.
Après avoir côtoyé et passé dessous l’autoroute de Bordeaux, c’est la forêt, et ses chants d’oiseaux dans le petit matin, qui nous accueille.
Je m’interroge pour savoir si c’est le fait de respirer fréquemment de l’air pur et ses parfums qu’il me rend difficile les odeurs de la ville.
En attendant, j’ouvre en grand mes poumons, ainsi que mes oreilles pour capter les sons environnants (coucous, trilles diverses, pluvit, etc. …) qui m’encouragent à aller plus loin...

Comme hier, les hameaux traversés ne sont pas très animés, mais qu’importe, les paysages sont beaux.
10h00. Coup de fil de ma cousine Anne-Sophie pour mon anniversaire.

C’est à Montfaucon, assis sur un banc que nous sortons notre en-cas. Toujours pas de pluie, mais la fraîcheur persiste, en repartant, j’ai même froid !!!
Les vignes font leur apparition et de jolis domaines jalonnent le parcours. Montées et descentes se succèdent et sur certains passages les pieds commencent à s’embourber.

Peu avant le terme de la journée nous bénéficions d’un magnifique point de vue sur les méandres de La Dordogne.
Notre guide nous signale une descente périlleuse ! Je m’inquiète vu l’état du terrain. Finalement, ce sera plus de peur que de mal.

Et nous voici, déjà, aux abords de Port Sainte Foy où nous longeons la rivière, sur sa rive droite, jusqu’à notre refuge paroissial.
Une annotation sur la porte, nous informe que nous aurons à attendre la responsable – Françoise – jusqu’à 16h00. Une avalanche d’appels occupe ces instants.
D’abord c’est Laurent : le vol retour des USA s’est bien déroulé, puis le tour d’Annick et enfin mes parents qui me souhaitent un « Joyeux Anniversaire » avec un jour d’avance, maman me précisant que j’avais annoncé ma venue la veille.

Délestés de nos sacs, cachés dans le jardin, nous mettons à profit le laps de temps restant pour nous approvisionner en vu du repas du soir.
Françoise nous ouvre grand les portes. Le calme, le confort et la propreté nous rassurent et conviennent parfaitement à notre qualité de pèlerin.
Les formalités administratives et corporelles expédiées, nous nous dirigeons vers une laverie automatique. A notre retour, je monte ranger le linge et là, surprise …


un magnifique bouquet agrémenté d’un mot personnel trône sur le guéridon !
C’est Françoise, l’hospitalière, qui, pendant notre absence a eu cette délicate attention.
Je suis émue et touchée par son geste.


Hier, en début de soirée, un violent orage s’est abattu sur la région. Des trombes d’eau se sont déversées dans les rues les transformant en torrents.
J’ai eu une pensée pour ceux qui étaient encore en chemin !
La ville de Mussidan est d’une tristesse à faire pleurer un clown.
Les rues sont grises, les maisons sont grises et, à quelques exceptions, les gens sont gris.

La patronne, du restaurant dans lequel nous avons dîné, n’appartient pas à cette catégorie. Joviale et accueillante, elle nous propose un menu à couper l’appétit d’un ogre ;
« Tourin, assiette de charcuterie/crudités, rôt de porc, légumes, fromages, dessert et vin »

Nous étions trois au refuge. Jean, parti le 11 mars de la Champagne, est avec nous.
Ce matin il ne pleut pas malgré un ciel chargé et gris. Nous préparons la cape au cas où … Il ne fait pas chaud, je supporte mon coupe-vent.
Une fois sortis de la ville, nous sommes sur de toutes petites voies sans circulation. La région est très humide. L’eau coule de partout et je ne pense pas que l’orage d’hier en soit seul la cause.
Les caniveaux sont pleins et les ruisseaux débordent. Dans les chemins herbus, l’eau ruissèle entre les herbes.
Les fougères déploient leurs crosses … Les senteurs de sous-bois mouillées s’exhalent, emplissant nos narines d’odeurs agréables.

Nous sommes en Dordogne, Périgord blanc et nous commençons à voir des vignes aux rangées bien droites. Le paysage change progressivement.
Pour la pause, arrêt à Montfaucon. Des bancs, posés le long de l’église, nous permettent une halte reposante. Nous n’avons pas chaud du tout, nous abrégeons au maximum la durée de cet instant.
Nous approchons de Sainte Foy la Grande, nous avons un panorama magnifique sur La Dordogne qui coule dans la vallée. Dordogne que nous retrouvons, un peu plus tard, après avoir dû descendre un raidillon très pentu et annoncé comme dangereux après orage !!!
La ville de Sainte Foy la Grande est en Gironde, rive gauche, tandis que notre refuge paroissial est encore en Dordogne à Port Sainte Foy.


Belle demeure en pierre. Françoise, la bénévole, vient à 16h00, cela nous laisse le temps d’aller faire quelques emplettes pour le repas de ce soir.
La maison est vaste et spacieuse, un gros cube à étage pouvant recevoir dix personnes. Nous occuperons une chambre avec un grand lit.

Françoise a eu une délicate attention envers Edith, un superbe bouquet de fleurs est présent dans la chambre accompagné de quelques mots.

Nous disposions de la grande bâtisse pour nous seuls. La nuit fut d’une grande quiétude avec, en sus, une petite grasse matinée (réveil à 7h00)
Comme convenu, nous mettons la clé dans la boîte aux lettres et nous franchissons La Dordogne (rivière). Nous voilà, à présent, en Gironde, à Sainte Foy la Grande.

Il nous faut suivre une route assez fréquentée malgré l’heure matinale.

Un peu plus loin, nous bifurquons dans les vignobles et, au « Petit Montet », Yvette Laborie nous invite à faire une pause.

Cette gentille dame de 81 ans, fait la causette avec les pèlerins de passage.

Au bout d’une demi-heure, nous la quittons pour continuer toujours à travers les vignes.

Un chevreuil traverse le chemin à quelques mètres devant nous.
A Caplong, une station service attire mon attention. Elle dispose d’un peu d’épicerie et je propose à Serge d’en profiter, car nous n’avons plus rien pour midi.
« Serge ; non, nous ferons halte à Pellegrue dans un restaurant, c’est ton anniversaire quand même !!! »
OK, direction donc cette commune que nous atteignons peu avant 13h00.

Mais, lorsque nous pénétrons dans le bourg, c’est pour constater que tout est désert et que le restaurant « Chez Mireille » est clos !!!
Aucun autre commerce, bien entendu. Nous n’avons d’autre solution que de poursuivre jusqu’au terme de notre étape.

Nous parcourons les sept kilomètres restants à travers vignobles et bois. Le ciel bleu du matin à tendance à s’obscurcir de plus en plus.
Mais, nous entrons dans Saint Ferme lorsque sonne 14h00. Le refuge de l’association des Amis et Pèlerins de la Voie de Vézelay n’ouvre qu’à … 16h00.
Heureusement, une table et des bancs, placés devant le gîte, nous permettent de faire un festin avec le pain d’hier et quelques morceaux de chocolat que nous avions en réserve.

Les hospitaliers – allemands – arrivent vers 15h00 et nous découvrons, avec plaisir et soulagement, un intérieur très plaisant et convivial.
Jean nous y rejoint et ce soir, nous serons cinq autour de la table.

Doris et Peter nous concoctent un excellent repas.
Sur la table, en bonne place, figure le gros bouquet de fleurs que Serge m’a confectionné dans la matinée.

Pas ou peu de réseau pour le téléphone. C’est donc un message qui me parvient ; « Bon anniversaire Mamie », c’est mon Zouzou et son papa.
Il est dommage que je n’eusse pu leur parler ...

Nous avons passé, seuls, la nuit dans la grande maison.
Le petit déjeuner avalé, nous quittons le refuge paroissial où l’accueil fut chaleureux.

Le temps est au beau et la température clémente. J’ai opté pour un tee-shirt à manches longues et ma polaire par-dessus. Rapidement je transpire un peu, surtout dans les côtes …
Mais un petit vent m’encourage à conserver cette dernière.

Au passage, à Petit Montet, nous sommes invités par Yvette Laborie (81 ans), une figure locale du chemin, à entrer chez elle. Elle nous propose du café que nous déclinons poliment. Elle tient un registre sur lequel elle demande aux marcheurs de bien vouloir s’inscrire. Cela fait très longtemps qu’elle enregistre ainsi les passages et fait don de ses cahiers à la commune pour archivage.
Sa maison familiale a plus de sept cents ans !!!
Elle nous parle d’elle, de ses passions, des pèlerins et nous pose de nombreuses questions sur nous.
Nous la quittons au bout d’une demi-heure.

Dans le sac aujourd’hui, nous n’avons rien pour midi.
Compte tenu de ce jour anniversaire, je propose à Didou un repas au restaurant à Pellegrue. Nous devrions y être vers 12h45.

Beaucoup de vignes à l’entour.
Nous suivons de petites routes désertes.
Un vrai bonheur.

Tiens, un chevreuil qui traverse à quelques pas de nous !!!

A l’heure dite, nous arrivons dans Pellegrue.
Un sévère rampaillou, que nous devons prendre pour accéder au centre, nous scie les jambes et nous coupe le souffle.
Pas un chat dans les rues !

Une très belle halle occupe la place du village.

Le restaurant est là … mais, les portes en sont closes.
Horreur, malheur … Aucun commerce n’est ouvert (Ascension)
Un bar à vin est présent avec deux personnes vautrées dans les fauteuils. Le propriétaire ne sert que du liquide. Une dame occupée à consommer sa bière nous propose un bout de pain, mais rien avec.
Refus poli, car nous en avons un morceau d’hier.
Dépités, nous reprenons notre marche.

Il ne nous reste plus que six kilomètres à faire. Je n’ai pas très faim, car ce matin, nous avons terminé les biscuits et le cake tout en avançant.
Je me vengerai ce soir au gîte où un couple d’hospitaliers allemands nous attend.

Lorsque nous arrivons à Saint Ferme, le village est tout aussi vivant que le précédent !!!
Nous trouvons le gîte, mais il n’est que 14h00 …
Il nous faut attendre – comme d’habitude – l’ouverture à 16h00.
Nous nous installons en bas sur la table et nous dégustons le pain restant avec du chocolat.
Délicieux … Edith se souviendra longtemps du repas de ses 56 ans !
Nos hôtes arrivent peu après Jean, qui nous a rejoints.
Le refuge est certainement l’un des plus confortablement agencé de tous ceux que l’association gère

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