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Sites de bagnes australiens

Le bien comprend une sélection de onze sites pénitentiaires, parmi les milliers établis par l'Empire britannique sur le sol australien aux XVIIIe et XIXe siècles. Les sites sont disséminés à travers le pays, de Fremantle en Australie occidentale, à Kingston et Arthur's Vale sur l'île de Norfolk, à l'est ; et des environs de Sidney, en Nouvelle-Galles du Sud, au nord, jusqu'aux sites de Tasmanie, au sud. Près de 166 000 hommes, femmes et enfants furent envoyés en Australie pendant plus de 80 ans, entre 1787 et 1868, condamnés par la justice britannique à la déportation dans les colonies pénitentiaires. Chacun des sites avait une vocation propre, qu'il s'agisse d'enfermement punitif ou de rééducation par le travail forcé au service du projet colonial. Le bien présente les meilleurs exemples survivants de la déportation à grande échelle de condamnés et de l'expansion colonisatrice des puissances européennes par la présence et le travail des bagnards.

Ce site culturel est classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO depuis 2010.

Histoire du site

La migration forcée de populations à des fins de travail contraint est une donnée partagée par de nombreuses sociétés humaines, à des périodes historiques très diverses et dans de multiples civilisations. Il s’agit le plus souvent de l’esclavage ou de la déportation de populations à la suite de conflits, mais pas seulement : aux époques moderne et contemporaine, le bagne lie une condamnation pénale à son application dans un territoire lointain, généralement accompagnées d’un travail forcé.  
Le bagne est dans un premier temps une forme d’enfermement des criminels à des fins de travaux forcés. En Europe, il se concentre dans les ports militaires, par exemple pour le service des galères ou pour les travaux pénibles dans les arsenaux, l’aménagement des infrastructures, etc. En temps de guerre, les camps de prisonniers à vocation de travail forcé présentent des similitudes d’organisation et d’objectifs.  
Associé au projet colonial, une nouvelle forme pénitentiaire apparaît au début du XVIIe siècle, dans les pays européens, par la transplantation durable de prisonniers vers les nouveaux territoires. Par le Transportation Act de 1718, l’Angleterre organise un tel système pour ses criminels dans ses colonies d’Amérique du Nord. La France fait de même après l’arrêt des galères, en 1748. La condamnation à la colonie pénitentiaire est en principe une peine carcérale sévère, pour une faute criminelle grave. De fait, en raison des besoins coloniaux de main-d’oeuvre, toutes sortes de fautes, souvent relativement mineures, entraînèrent l’envoi au bagne pour des durées plus ou moins longues. Les délits d’opinion ou d’appartenance à des sociétés politiques interdites furent aussi sanctionnés de cette manière.
À compter de 1775, l’Angleterre cessa la déportation de ses criminels vers l’Amérique, en raison des troubles qui conduisirent ces colonies à l’indépendance. L’Australie devint la destination de remplacement à partir de 1778, avec l’organisation progressive de nombreuses colonies pénitentiaires. La baie de Sydney fut la première région à en accueillir.  
L’apogée des transports pénitentiaires vers l’Australie culmine entre 1787 et 1868, avec 166 000 condamnés envoyés dans ses nombreux bagnes. L’Australie est alors un espace considérable, peuplé d’Aborigènes que l’on repousse rapidement des espaces côtiers les plus abrités et les plus fertiles. Du point de vue du colonisateur, tout est à construire, à commencer par les ports, les habitations, les routes, les fermes coloniales, etc. Les condamnés sont le plus souvent issus des classes populaires ; les femmes représentent 16 % d’entre eux et les enfants, passibles du bagne à compter de 9 ans, sont également assez nombreux.  
Le système du bagne australien a pris des formes très variées pour répondre à des objectifs multiples. Il est pensé au sein d’un vaste débat en Europe, à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles, sur les modes de punition du crime et sur le rôle social à attribuer à la déportation des condamnés. Les termes sont d’un côté la notion de punition et la recherche de la dissuasion du crime, d’un autre l’idée d’une réformation des comportements individuels par le travail et la discipline. La déportation comme force de travail au service du développement colonial, tout particulièrement pour les territoires les plus lointains, apparaît comme une réponse utile et efficace à ces différentes questions sociales en Angleterre, mais aussi dans d’autres pays européens comme la France et la Russie.  
En pratique, dans le cas australien, le bagne doit aussi contribuer à faire des détenus en fin de peine, à leur libération, des colons à part entière. La distance considérable entre l’Europe et l’Australie aboutit presque toujours à l’implantation définitive des bagnards libérés.  
Le système du bagne australien comprenait une série diversifiée de lieux et de systèmes pénitentiaires, allant du travail à l’extérieur au travail enfermé, du bagne de probation à la prison pure et simple ; il comprenait des colonies pénitentiaires destinées aux femmes ou aux enfants (Cascades Female Factory, Point Puer). Dans certains des bagnes, les prisonniers côtoyaient des colons libres (Brickendon & Woolmers Estates). Les conditions de vie étaient bien sûr très strictes, mais d’une dureté variable suivant les sites et leurs fonctions.  
L’encadrement et le transport des bagnards nécessitaient aussi la présence d’une administration pénitentiaire importante, l’organisation d’une flotte spécialisée, la présence de nombreux gardiens, etc.  
Les centres les plus sévères, pour les prisonniers jugés les plus dangereux, comprenaient un dispositif carcéral, des travaux forcés pénibles et souvent dangereux, des punitions corporelles comme le fouet ou des privations, l’enfermement en cellules d’isolement. La plupart des sites possédaient une prison et un quartier d’isolement ; mais certains sont des bagnes de punition, comme le pénitencier de l’île de Norfolk, Port Arthur, les mines de charbon de la presqu’île de Tasman. Ces bagnes furent réputés dans tout l’Empire britannique pour leur dureté, afin de maintenir la frayeur de la déportation dans la population et diminuer ainsi la criminalité en Grande- Bretagne et dans ses colonies.  
Le système des convicts gangs assurait les travaux publics, les routes et les ports en particulier. Le régime y était généralement sévère, les travaux très durs. Il s’agit des sites d’Old Great North Road, Hyde Park Barracks, Port Arthur, Coal Mines, Kingston and Arthur’s Vale Historic Area et Fremantle Prison.  
Pour les prisonniers jugés les moins dangereux, il existait des colonies de travail où les bagnards sont mis à disposition de projets privés, souvent des fermes. Les entrepreneurs les utilisaient sous leur responsabilité. Il s’agit ici des fermes de Brickendon et Woolmers, du domaine de l’ancienne maison du gouvernement. Le travail destiné aux femmes est d’un type manufacturier, comme à Cascades Female Factory, un centre textile. Il s’agit toutefois bien d’un enfermement avec son système de punition et de récompenses. Certaines colonies pénitentiaires utilisaient les femmes comme servantes, par exemple dans les domaines agricoles, le palais du gouvernement.  
Pour les bagnards ayant une bonne conduite, il était possible d’accéder à un système de peine allégée, conduisant progressivement à une libération anticipée. Dans l’esprit très prégnant de la réformation sociale des condamnés, il s’agissait d’un parcours de probation permettant d’évoluer progressivement vers une insertion sociale par le travail et, finalement, à la condition de colon à part entière.  
L’installation des pénitenciers en Australie, au coeur du dispositif colonial en construction, a eu des conséquences particulièrement néfastes pour les Aborigènes. Cela impliqua des désordres sociaux, des migrations forcées et la perte des terres fertiles, des épidémies dévastatrices en raison de l’absence d’immunité. Des conflits et des résistances ont émaillé l’implantation des colons comme des bagnards, souvent accompagnés de victimes.  
Les colonies pénitentiaires se perpétuèrent assez longuement après l’abolition officielle du système de la déportation des condamnés, jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale, par leur propre dynamique de gestion des condamnés présents et par des pratiques similaires, mais moins massivement appliquées, comme l’exil.  
Le dernier bien a avoir eu une activité carcérale est la prison de Fremantle, fermée au début des années 1990.  
Actuellement, la plupart de ces sites sont devenus, entièrement ou pour partie, des lieux de mémoire, des musées ou des parcs.

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